La Nouvelle Revue d'Histoire : "L'histoire à l'endroit". Fondée en 2002 par Dominique Venner et dirigée par Philippe Conrad.

On peut détruire une civilisation d’un trait de plume. Les Français savent cela pour l’avoir éprouvé plusieurs fois dans leur histoire depuis 1789 et même avant. Ils savent aussi par expérience qu’il faut des siècles d’efforts pour rebâtir une civilisation.

Éditorial et sommaire du n°66 (mai-juin 2013)

Éditorial et sommaire du n°66 (mai-juin 2013)

La révolte des mères

Il est parfois nécessaire de prendre date pour planter des jalons dans le brouillard éphémère des événements. C’est le devoir de l’historien.

À l’origine, tout le monde pensait qu’en France le projet de loi sur le mariage des homosexuels était l’un de ces attrape-nigauds (je suis poli) par lesquels les politiciens amusent la galerie. Et puis on a compris que derrière l’attrape-nigaud s’était glissé l’un de ces projets pervers par lesquels les fanatiques de la déconstruction veulent détruire un peu plus les derniers fondements qui structurent encore les sociétés européennes.

La question posée ne concernait nullement le respect à l’égard de particularités sentimentales ou sexuelles minoritaires. La vie privée est l’affaire de chacun. Tant que les préférences personnelles ne dégénèrent pas en manifestations provocatrices outrancières, il n’y a rien à objecter.

Le mariage est autre chose. Il ne se rapporte pas à l’amour, même s’il en est parfois la conséquence. Le mariage est l’union d’un homme et d’une femme en vue de la procréation. Si l’on enlève la différence de sexe et la procréation, il ne reste rien, sauf l’amour qui peut s’évaporer. À la différence du Pacs, le mariage est une institution en vue des enfants à venir, et pas un simple contrat.

C’est pourquoi le projet de mariage gay a été ressenti comme une atteinte insupportable à l’un des fondements ultimes de notre civilisation. D’où les immenses manifestions populaires des 13 janvier et 24 mars qui en annonçaient d’autres. Les centaines de milliers de manifestants (1 million 400 000 selon les organisateurs) du 24 mars, confinés sur l’avenue de la Grande-Armée ont perçu un symbole dans le nom de cette voie fameuse. Ils se sont vus comme l’avant-garde de la « grande armée » des indignés de la « loi Taubira ».

On peut détruire une civilisation d’un trait de plume. Les Français savent cela pour l’avoir éprouvé plusieurs fois dans leur histoire depuis 1789 et même avant. Ils savent aussi par expérience qu’il faut des siècles d’efforts pour rebâtir une civilisation.

Après une première manifestation le 13 janvier 2013 (1 million de participants « blancs de blanc », dont beaucoup de femmes et d’enfants), celle du 24 mars a réuni plus de participants encore. Elle a même fini par occuper une partie des Champs-Élysées en dépit des barrages de CRS et de leurs gaz lacrymogènes.

Il faudrait être aveugle pour ne pas voir dans cette mobilisation sa réalité : une révolte de masse contre la destruction de la famille, pilier ultime de notre civilisation européenne ébranlée. Tout enfant a le droit de savoir d’où il vient, quel est son père et quelle est sa mère. Il n’est pas inutile de rappeler que, voici 33 siècles, la guerre de Troie avait été provoquée pour faire respecter l’union du roi achéen Ménélas et de son épouse Hélène, enlevée par un prince troyen. Tous les rois de la fédération achéenne avaient fait serment de protéger le mariage d’Hélène et de Mélénas. Aussi s’unirent-ils pour ramener Hélène à son foyer. Et leur guerre eut pour conclusion la destruction de Troie. Elle fut aussi le prétexte de l’Iliade, poème fondateur de notre civilisation.

La première grande manifestation du 13 janvier s’était déroulée dans une atmosphère plutôt ludique. Les privilégiés qui nous gouvernent ont traité par un mépris soviétique l’appel qui leur était adressé par cette foule pacifique. C’est pourquoi la seconde manifestation du 24 mars, regroupant une nouvelle fois des familles entières, a été plus tendue. Les gens qui nous gouvernent ont une nouvelle fois traité avec mépris cette indignation populaire qu’ils n’avaient pas prévue et ne peuvent comprendre.

Ils ont commis en cela une lourde faute. Quand l’indignation mobilise de telles masses, de jeunes mères et leurs enfants, c’est le signe que se trouve transgressée au-delà du supportable une part sacrée de ce qui constitue une nation. Il est dangereux de provoquer la révolte des mères !

Dominique Venner

Notes

  1. Au mois de juin, je publierai aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux un essai qui aura pour titre Le Bréviaire des insoumis. Il sera d’actualité, tout en accordant une large place à l’histoire et à nos racines. Cela en vue de nous reconstruire.
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La révolte des mères. Par Dominique Venner

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