La Nouvelle Revue d'Histoire : "L'histoire à l'endroit". Fondée en 2002 par Dominique Venner et dirigée par Philippe Conrad.

Après avoir remporté d’incontestables succès sur le terrain économique et social, le régime a sombré à cause d’un conflit mondial dans lequel Mussolini commit l’erreur de s’engager, contre le sentiment de la majorité de son peuple.

Éditorial et sommaire du n°69 (novembre-décembre 2014)

Éditorial et sommaire du n°69 (novembre-décembre 2013)

Le « fascisme » est devenu un objet d’histoire

Survenu il y a soixante-dix ans, en juillet 1943, le renversement de Mussolini a mis un terme à l’aventure fasciste, même si elle a bénéficié – sur les rives du lac de Garde – d’un sursis d’une vingtaine de mois. En avril 1945, la mort du Duce conclut la séquence de l’histoire italienne qui a vu les fascistes tenter de mettre en œuvre une révolution dont ils voulaient faire une réponse aux défis nés de la modernité, de l’ère des masses et du monde issu de la Première Guerre mondiale. En opposant la nation et l’État à l’individu imaginé par les hommes des Lumières, en choisissant les exigences de la hiérarchie contre les espoirs égalitaristes portés par la démocratie et le socialisme, en acceptant la dimension tragique de la vie et de l’histoire plutôt que les promesses du progrès si chères au XIXe siècle, le fascisme s’est voulu porteur d’une nouvelle conception de l’homme et de la société.

Né dans une large mesure de la Grande Guerre, il a été l’œuvre d’une minorité agissante, prête à l’action violente pour sauver un pays jugé en danger de mort. Mais le régime autoritaire qu’il a engendré, incompatible avec la primauté des libertés individuelles, a suscité un puissant rejet chez ses opposants et dans des pays tels que la France, l’Angleterre ou les États-Unis, prompts à se poser en défenseurs des valeurs libérales ou républicaines. Né d’une réaction contre le péril révolutionnaire qui menaçait l’Italie d’après-guerre, le fascisme se définit aussi par son hostilité au communisme, attitude largement partagée dans l’Europe du temps. Il fut de ce fait la cible privilégiée du Komintern qui, à partir de 1935, fit de « l’antifascisme » son premier mot d’ordre.

Après avoir remporté d’incontestables succès sur le terrain économique et social, le régime a sombré à cause d’un conflit mondial dans lequel Mussolini commit l’erreur de s’engager, contre le sentiment de la majorité de son peuple. Mais c’est dans le contexte d’une guerre civile impitoyable que se conclut le Ventennio Nero. La survie du fascisme au travers du Mouvement social italien ou de divers groupes se présentant comme ses héritiers ne revêtant ensuite qu’un intérêt relativement anecdotique.

Le « fascisme » n’en fut pas moins instrumentalisé bien longtemps après sa disparition de la scène de l’histoire. Brandi comme un anathème visant à la diabolisation de l’adversaire, le terme fut utilisé sans vergogne pour désigner tous ceux qu’il convenait de disqualifier, des paisibles Croix-de-Feu au socialiste Guy Mollet ou au général De Gaulle…

La recherche historique a heureusement remis en cause un certain nombre d’idées reçues et d’interprétations partisanes, trop longtemps formulées pour relayer la propagande des vainqueurs de 1945. Renzo de Felice, Salvatore Lupo et Emilio Gentile en Italie, Michel Ostenc en France ont porté sur cette période un regard dénué de préjugés et inspiré par le souci d’impartialité qui sied à l’historien. Dans le même esprit, Pierre Milza répondait il y a une dizaine d’années, dans l’avant-propos de son Mussolini, à tous ceux qui seraient tentés de l’accuser de « révisionnisme  » : « La démarche historique ne peut se concevoir autrement que comme une suite de vérités établies, puis révisées à la lumière de nouvelles sources et de nouvelles interrogations […] pour la mise en perspective d’un destin qui a incontestablement marqué ce siècle européen et qui en résume les espérances trompeuses – celles de la révolution sociale et de la nation triomphante. » C’est dire à quel point « l’antifascisme » d’aujourd’hui, qui ajoute à l’ignorance une lecture grossièrement anachronique de notre présent, peut apparaître dérisoire.

Philippe Conrad

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Le fascisme est devenu un objet d��histoire. Par Philippe Conrad

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Dossier. 1943 : la chute de Mussolini
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