La Nouvelle Revue d'Histoire : "L'histoire à l'endroit". Fondée en 2002 par Dominique Venner et dirigée par Philippe Conrad.

Les Européens d’aujourd’hui ont toutes les raisons de s’interroger avec inquiétude sur l’avenir bien incertain qui les attend.

Éditorial et sommaire du HS n°11 (automne-hiver 2015)

Éditorial et sommaire du HS n°11 (automne-hiver 2015)

Qui sont les Européens ?

Il y a quelques années, Samuel Huntington se posait la question, dans un ouvrage intitulé Who are we ?, de l’identité de ses compatriotes américains confrontés au délitement progressif du socle anthropologique anglo-saxon et protestant qui, pendant plusieurs générations, s’est confondu avec la société nord-américaine née au XIXe siècle de l’immigration européenne. Il pointait alors la « menace » de la « latinisation » progressive de la population états-unienne et du recul relatif de l’anglais, privé de son privilège de langue exclusive, souvent dans les États les plus dynamiques de l’Union.

Ses contradicteurs ne manquèrent pas de dénoncer le passéisme d’une telle vision et affirmèrent haut et fort que le creuset américain demeurait en mesure d’assimiler, selon un nouveau modèle, toutes les populations venues d’ailleurs, d’Amérique latine mais aussi d’Asie. Le débat se poursuit outre-Atlantique et il semble que cette question va dominer – si l’on en croit les discours tenus dans la campagne des primaires dans le camp républicain – la compétition présidentielle de 2016…

NRH HS n°11

NRH HS n°11

On peut penser que le temps est venu de poser, à propos de notre Europe, des interrogations de même nature car une actualité brûlante impose des remises en cause radicales, qui ne peuvent plus être différées. Confrontés à des vagues d’immigrants extra-européens toujours plus nombreux, sommés par les autorités « morales » de s’accommoder de cette situation, invités par une technocratie bruxelloise totalement déconsidérée à accomplir un « devoir » d’accueil qu’il ferait beau voir d’oser contester, les Européens d’aujourd’hui ont toutes les raisons de s’interroger avec inquiétude sur l’avenir bien incertain qui les attend.

Dans un passé somme toute récent, les leçons que fournissait l’expérience de l’histoire permettaient d’alimenter la réflexion et formuler, à partir des réalités constatées, d’éventuelles alternatives. Rien de tout cela n’est plus possible aujourd’hui, dans la mesure où certains ont entrepris, avec un certain succès, de faire « table rase du passé », où le seul statut désormais reconnu est celui de « citoyen du monde » hors-sol, débarrassé d’une histoire pleine de bruit et de fureur, de racines dont l’affirmation ne peut que conduire aux pires catastrophes, la xénophobie, le « rejet de l’autre », la défense « d’identités » constituant le « poison » du moment présent, pour reprendre la formule retenue dans un entretien donné au journal Le Monde par un éminent historien.

Privés de la connaissance de leur passé par la ruine à peu près accomplie de l’enseignement de l’histoire, interdits de mémoire commune du fait des dangers que pourrait receler celle-ci, invités à battre leur coulpe pour tous les « crimes » et toutes les « injustices » – de l’esclavage à la colonisation – « commis » au cours des siècles précédents, les Européens se voient assigner la place de simples provinciaux passifs et consentants au sein du grand marché mondial légitimé par l’utopie libérale. La mise en œuvre de ce messianisme impératif, actif depuis des décennies mais longtemps occulté par les situations géopolitiques nées du « sombre XXe siècle », passe par la déconstruction des identités et donc des histoires singulières, celles des peuples, des nations ou, plus largement, des civilisations.

Nombreux sont donc les brillants universitaires qui s’attachent aujourd’hui à dénoncer les nations comme autant de constructions idéologiques privées de toute légitimité, à moins qu’elles ne se résument à des agrégats d’individus dépourvus de toute volonté d’exister et de peser sur le terrain de la puissance. Face à cette situation mortifère, il convient de rappeler aux Européens qui ils sont et d’où ils viennent, c’est l’ambition de cette livraison de la Nouvelle Revue d’Histoire

Philippe Conrad

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Au sommaire de ce numéro

– Qui sont les Européens ? Par Philippe Conrad
– L’Europe, du néolithique à l’âge du bronze. Par Philippe Fraimbois
– À la découverte d’un peuple. Par Henri Levavasseur
– Les Indo-Européens. Entretien avec Jean Haudry. Propos recueillis par Pauline Lecomte
– Sur l’existence des Indo-Européens. Par Yann Le Bohec
– L’Europe est née en Grèce. Par Philippe Conrad
– Peuples d’Italie pré-romaine. Par Jean-Louis Voisin
– Ce que nous a légué Rome. Par jean-Louis Voisin
– L’Europe des Celtes. Par Philippe Conrad
– Des Gaulois aux Gallo-Romains. Par Yann Le Bohec
– Le monde des Ibères. Par Philippe Parroy
– Les Basques, peuple le plus ancien d’Europe. Par Arnaud Imatz
– L’Espagne des Wisigoths. Par Michel Savoie
– L’essence de l’Espagne. Par Arnaud Imatz
– La Catalogne, avec ou sans l’Espagne ? Par Arnaud Imatz
– Aux origines du monde germanique. Par Henri levavasseur
– Bretons insulaires et armoricains. Par Yves de Tréséguidy
– Quand la (Grande) Bretagne est devenue l’Angleterre. Par Philippe Parroy
– L’exception irlandaise. Par Philippe Conrad
– Les raisons du “miracle franc”. Par Philippe Conrad
– L’Aquitaine, à la périphérie de l’espace franc. Par Bernard Fontaine
– Le Royaume ostrogoth de Théodoric. Par Bernard Fontaine
– L’Italie des Lombards. Par Bernard Fontaine
– À la recherche de l’homme scandinave. Par Nicolas Kessler
– Des Magyars à la Hongrie historique. Par Henry Bogdan
– Unité et pluralité des Allemagnes. Par Éric Mousson-Lestang
– L’ethnogenèse des Russes. Par jean-Pierre Arrignon
– Comment la Russie retrouve ses racines. Par jean-Pierre Arrignon
– L’identité française, un produit de l’histoire. Par Pierre de Meuse
– L’obsession de l’ailleurs. Par Ludovic Greiling

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